Les 100 ans du surréalisme

« La poésie doit être faite par tous. Non par un ». – Lautréamont

2024 : une année surréaliste !

Le surréalisme fête ses 100 ans cette année et pour l’occasion, plusieurs expositions en Belgique, en Suisse et en France ont mis à l’honneur ce mouvement artistique majeur.

Mais c'est quoi le Surréalisme ?

Un mouvement international majeur du XXème siècle

Le surréalisme est né en 1924 avec le Manifeste d’André Breton. Celui-ci définit le surréalisme : « Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale « . 

D’abord un mouvement littéraire, le surréalisme s’étend rapidement à la peinture, à la sculpture, à la photographie, au cinéma, etc.

Libérer la pensée en s’opposant à la logique et la rationnalité

Né en réaction aux horreurs de la Première Guerre mondiale, le surréalisme s’oppose à la logique et à la rationalité considérées comme des entraves à la créativité. Il souhaite libérer la pensée de tout contrôle exercé par la raison. Ce mouvement invente alors des techniques visant à reproduire les mécanismes du rêve. Ainsi, les artistes repoussent les frontières de l’imagination.

Alors que le fascisme monte en Europe, plusieurs artistes dont André Breton et Salvador Dali s’exilent à l’étranger et notamment aux États-Unis. Max Ernst, ayant déjà fui l’Allemagne pour Paris dans les années 20, part au Mexique avec sa femme Dorothea Tanning. Malgré la dispersion géographique, les surréalistes continuent les expositions internationales.

Après la libération, Magritte organise en décembre 1945 une exposition rassemblant Belges et Français. André Breton ne parvient pas à reconstituer le mouvement à son retour des États-Unis en 1946. Le mouvement surréaliste prendra fin officiellement en 1969.

Si le surréalisme a perduré plus de 40 ans c’est parce qu’il va bien au-delà de l’image ou l’écriture. Ce n’est pas seulement un mouvement artistique. C’est aussi un mouvement politique et un mouvement philosophique.

Se reconnecter à la Nature, à son humanité, à son intériorité

La surréalisme s’inspire des théories de Sigmund Freud pour reconnecter l’homme à son inconscient et lui faire explorer ses rêves.

Il prône l’écriture automatiqueoù l’on ne fait intervenir ni la volonté ni la conscience”, le cadavre exquis, un jeu inventé par Jacques Prévert qui repose sur l’écriture collective ou encore les collages.

L’objectif est de laisser libre-cours à ses pensées et à ses impulsions pour révéler des vérités cachées sur l’individu lui-même. Les surréalistes pensent en effet que l’homme a la capacité de se reconnecter à la Nature, à son humanité, à son intériorité. En mélangeant l’art et la psychologie, les surréalistes peuvent créer et être libres dans leur choix artistiques et sociétaux.

Une œuvre surréaliste se compose généralement d’éléments inattendus qui n’ont pas forcément de lien les uns avec les autres. Les artistes surréalistes déforment les objets pour créer de nouvelles approches plastiques et iconographiques.

 
Les thèmes récurrents du surréalisme

Bien évidemment, on retrouve le rêve et l’imagination. Mais il y a aussi le désir et l’érotisme ainsi que la nature qui occupent une place centrale. L’étrange et l’extraordinaire sont également omniprésents. Enfin, la révolte contre la société, les normes et les conventions est un leitmotiv puissant.

 
Les principaux représentants du surréalisme :

Écrivains et poètes : André Breton, Philippe Soupault, Paul Éluard, Louis Aragon, Jacques Prévert, Antonin Artaud, Raymond Queneau

Peintres : Salvador Dali, Max Ernst, René Magritte, Victor Brauner, Giorgio de Chirico, Joan Mirò, Frida Kahlo, Dora Maar

Photographes : Man Ray, Claude Cahun, Dora Maar

Cinéastes : Luis Buñuel, Germaine Dulac

Aujourd’hui, le surréalisme inspire encore les biennales d’art contemporain, les productions cinématographiques, la mode, la bande dessinée, le design …et même la publicité !

Plusieurs expositions fêtent les 100 ans du surréalisme

Beaucoup de pays ont richement nourri le surréalisme, en particulier la Belgique avec de nombreux artistes regroupés autour du poète Paul Nougé.

La ville de Bruxelles, un haut-lieu de rencontres et d’actions pour les membres du mouvement surréaliste, a donc été choisie comme point de départ avec 2 expositions visibles en ce début d’année 2024.

 

2 expositions à Bruxelles en Belgique

  • « Histoire de ne pas rire » au BOZAR (Palais des Beaux-Arts).

Cette exposition qui portait le nom d’un ouvrage de Paul Nougé, regroupait 75 années d’activité surréaliste, 260 œuvres et 100 documents originaux.

 

  • « Imagine !  100 ans de surréalisme international » aux musées royaux des Beaux-Arts de Belgique 

Conçue en collaboration avec le Centre Georges Pompidou, cette exposition réunissait plus de 140 œuvres majeures (peintures, sculptures, objets et photographies) rarement réunies en une même exposition. La particularité résidait dans la mise en valeur du lien entre le mouvement surréaliste et le mouvement symboliste.

Ces œuvres ont rejoint depuis septembre le Centre Georges Pompidou à Paris pour l’exposition « Surréalisme« .

 

2 expositions à Lausanne en Suisse

La Suisse a également célébré le surréalisme avec 2 expositions (visibles du 8 mars au 4 août 2024) au Mudac à Lausanne :

  • « Objets de désir. Surréalisme et design » en collaboration avec le Vitra Design Museum (en Allemagne) 

Cette exposition présentait aussi bien des œuvres pionnières datées des années 1930 que des projets contemporains.

 

  • « Alchimie. Surréalisme et art verrier« 

Cette exposition revenait aux origines de la collection d’art verrier contemporain du Mudac, aujourd’hui devenue la plus importante d’Europe. Des pièces d’art verrier imaginées par Salvador Dalì, Marc Chagall, Jean Cocteau ou encore Max Ernst retraçaient les liens entre l’histoire de la collection et le mouvement surréaliste.

 

Une exposition au Centre Georges Pompidou à Paris

Depuis le 4 septembre 2024, l’exposition « Surréalisme » est visible au Centre Georges Pompidou à Paris. Elle prendra fin le 13 janvier 2025.

Environ 500 peintures, sculptures, dessins, textes, films et documents, dont de nombreux prêts exceptionnels, ont été réunis dans cette exposition unique conçue comme un labyrinthe. Pour l’occasion, le document original du Manifeste d’André Breton a même quitté provisoirement les collections de la Bibliothèque nationale de France.

Si cette exposition exceptionnelle répartie en 14 chapitres présente les œuvres emblématiques du mouvement, elle rend également compte de l’étendue du surréalisme à travers le monde. On peut ainsi y voir des œuvres de Tatsuo Ikeda (Japon), Wilhelm Freddie (Danemark) ou Rufino Tamayo (Mexique). L’exposition met par ailleurs l’accent sur les femmes dont la Mexicaine Remedios Varo, la Britannique Ithell Colquhoun, la Franco-Tchèque Toyen, la Française Dora Maar ou encore l’Américaine Dorothea Tanning qui ont trouvé à travers le surréalisme une manière de s’émanciper.

Après Paris, cette exposition repartira à la Fundacion Mapfré de Madrid, puis à la Kunsthalle de Hambourg avant de rejoindre le Philadelphia Museum of Art en 2026.

En raison des droits à l’image, je n’ai pas ajouté d’œuvres dans cet article. Mais je vous invite à en découvrir certaines en cliquant sur le lien ci-dessous. C’est une vidéo qui présente l’exposition du Centre Georges Pompidou à Paris (à noter : il faut créer un compte pour accéder à France Télévisions).

Ce mouvement artistique majeur du XXe siècle est un mouvement visionnaire qui reste très contemporain dans sa volonté de changer le rapport de l’humain à l’autre, à la nature et au monde.
Et si finalement l’objectif de ces expositions était de remettre l’imagination et la création au centre de nos vies ? Vous en pensez quoi ?
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